Aujourd’hui 1 juillet 2025 j’ai reçu au cabinet les nouvelles brochures de présentation du Nutri-score, le fameux logo qui s’est imposé sur les emballages des produits alimentaires comme le guide « santé » incontournable pour les consommateurs.
En effet, sur l’emballage de certains produits figure une note de A, vert foncé, pour les plus favorables sur le plan nutritionnel, à E, rouge, pour les moins favorables.
le Nutri-Score d’hier
Le nouveau Nutri-Score
En théorie, cela devrait donc aider à faire des choix plus éclairés pour mieux se nourrir au quotidien.. Sauf que dès la première page, je fronce les sourcils : il n’y a que des images de produits industriels ultra transformés avec de « bons Nutri-scores », dont le pain de mie et les biscottes industrielles, ou encore les céréales au chocolat extrudées !
Bref, après avoir surfé chaque page, moi qui espérait naïvement LE GROS CHANGEMENT sur la nouvelle méthode de calcul du Nutri-score 2.0 (je vous explique plus bas), et bien c’est loupé !
Je pensais afficher fièrement mes brochures en salle d’attente et les remettre à mes patients, hélas ils vont finir à la P.. !
Les gros points noirs du Nutri-score (selon moi)
Nutri-score 2.0, avec sa nouvelle méthode de calcul revue en 2024 pour « mieux prendre en compte les connaissances scientifiques » et pour « mieux manger en un seul coup d'oeil », reste à mes yeux largement insuffisant. Malgré ses ajustements, il ne permet toujours pas aux consommateurs de faire des choix nutritionnels réellement éclairés, rapidement et efficacement. Dans un contexte où les maladies chroniques explosent, on ne peut plus se contenter d’un score qui reste trop simpliste et parfois trompeur.
Il est grand temps d’avancer et d’arrêter de prendre les consommateurs pour des naïfs. On mérite mieux qu’un code couleur pour juger ce qui entre dans notre corps !
1. ️ Nutri-Score : un système partiel, encore non obligatoire et « orienté industrie »
Qu’on se le dise tout de suite, le Nutri-Score figure principalement (et presque exclusivement) sur des produits industriels transformés ou emballés. Et ce, de manière facultative. Ce sont donc les industriels eux-mêmes qui choisissent de l’apposer sur leurs emballages, et le plus souvent lorsque le score leur est favorable. De plus, ce système favorise les produits industriels reformulés, souvent conçus spécifiquement pour optimiser leur score.
Exemples concrets de reformulation opportuniste :
- Ajouter des fibres isolées (comme l’inuline ou la fibre de chicorée) dans des céréales extrudées au chocolat = Nutri-Score amélioré !
- Utiliser des protéines de lait ou de pois isolées pour augmenter le taux de protéines = Meilleur score !
- Réduire artificiellement le sucre en le remplaçant par des édulcorants ou des arômes = Score en hausse, mais produit toujours ultra-transformé !
- Intégrer un peu de purée de légumes dans des plats industriels = Gain de points !
Conséquence directe : les produits artisanaux, locaux, fermiers, peu ou pas transformés (fromages au lait cru, pain artisanal au levain, charcuterie artisanale sans nitrites, yaourts fermiers…) sont souvent mal notés ou absents du système.
Pourtant, ces produits sont souvent plus sains et moins transformés que leurs équivalents industriels !
Le boulanger artisan de ton village, qui prépare un pain bio au levain avec des ingrédients simples et de qualité, ne colle pas d’étiquette verte sur son pain. Pourtant, son produit est souvent bien plus sain que certains pains de mie ou pains “complets” vendus en grande surface, enrichis artificiellement en fibres, bourrés d’additifs et d’émulsifiants, et qui affichent fièrement un Nutri-Score A…
Même chose pour l’éleveur bio du coin, qui te propose du lait cru de chèvre ou de vache, idéal pour faire tes propres yaourts ou desserts maison : pas d’étiquette Nutri-Score ici, mais une vraie qualité nutritionnelle.
Moralité : le Nutri-Score ne dit rien sur la qualité des aliments bruts, pas ou peu transformés. Et ce sont souvent ceux-là les meilleurs pour la santé !
Il peut être utilisé comme un levier marketing : il donne une image « santé » à des produits transformés, reformulés non pas pour nourrir sainement, mais pour optimiser un algorithme.
En tant que Diététicienne-Nutritionniste et Nutrithérapeute, je peux vous aider à faire le tri et à mieux comprendre ce qui se cache derrière les étiquettes.
Envie d’y voir plus clair dans vos choix alimentaires ?
2. Nutri-Score : une grille renforcée mais encore aveugle à l’ultra-transformation
Le Nutri-Score se base essentiellement sur quelques critères nutritionnels : la teneur en fibres, protéines, fruits/légumes/légumineuses/fruits à coque, d’un côté (positifs), et la teneur en calories, sucres, acides gras saturés et sel (négatifs).
Ce système mathématique favorise donc les produits qui optimisent ce ratio, sans considérer la qualité réelle des ingrédients, ni leur degré de transformation.
Ce que le Nutri-Score ne vous dira jamais : un produit peut contenir une dizaine d’additifs, avoir subi toute une batterie de traitements industriels (extrusion, texturisation, hydrolyse, recomposition…), et malgré tout, afficher fièrement un Nutri-Score A !
« C’est le pompon sur la Garonne », comme dirait mon chéri !
Le vrai problème, c’est que ce n’est plus un aliment, mais un “faux-ami” : une formulation industrielle dénaturée, dont le potentiel santé est défavorable.
Après avoir lu cet article, j’espère que vous garderez toujours un œil critique et que vous ne vous laisserez plus berner par un Nutri-Score A ou B, même sur des produits bio !
⚠️ Le vrai problème avec les Aliments Ultra-Transformés (AUT)
Le Nutri-Score 2.0 ne tient toujours pas assez compte du niveau de transformation des aliments.
Résultat ? Des produits industriels ultra-transformés peuvent afficher un joli score A, tandis que des aliments bruts, artisanaux ou fermiers, pourtant naturels et sans additifs, ne sont pas notés du tout… ou mal classés.
Cette incohérence soulève une vraie question : la réforme du Nutri-Score (et le nouvel algorythme 2024-2025) aurait-elle été influencée par des négociations avec l’industrie agroalimentaire ? Difficile à prouver, mais les ajustements semblent avoir été faits sans trop bousculer les grandes marques…
Un outil imparfait… mais pas inutile !
Je dois quand même nuancer mes propos :
✔️ Le Nutri-Score peut quand même aider à comparer des produits transformés entre eux, comme par exemple, deux marques de céréales ou deux plats préparés.
Un vrai coup de pouce pour les consommateurs qui, par manque de temps ou d’envie, ne cuisinent pas toujours maison.
✔️ Il a aussi poussé certains fabricants à réduire les quantités de sucre, de sel ou de graisses pour améliorer leur score, et ça, c’est très bien !
☝️ Mais attention, cela ne veut pas dire que ces produits sont devenus “sains” pour autant. La plupart des industriels ont appris à se servir du Nutriscore pour mieux vendre certains produits. Il faut toujours garder un œil critique, surtout face aux produits ultra-transformés déguisés en bons élèves grâce à un simple code couleur !
Exemples concrets de « mauvais aliments » aux Nutriscore A ou B
Voici quelques exemples de produits présents en grande surface, tous notés Nutri-Score A mais qui sont, d’un point de vue de la transformation industrielle, très discutables :
Harrys “100% Mie Complet” (groupe Barilla)
- Nutri-Score B
- Liste d’ingrédients longue
Contient :
- Farine complète ✅
- Farine de blé (raffinée) ❌
- Huile de colza ❌
- Sucre ❌
- Gluten de blé ❌
- Arômes... ❌
Ce produit vous fait croire que c’est du pain de mie « complet » alors qu’il n’en est rien ! C’est un pain ultra-transformé, avec une base de farine complète, un peu de farine raffinée, des paillettes de fibres pour doper le Nutriscore, et ça donne un Nutri-Score A !
Ca donne envie hein ??!
Biscuits Gerblé pommes-noisettes
- Nutri-Score A
- Liste d’ingrédients longue et industrielle
Contient :
- Farine de blé 68,5 % ✅
- Huile de colza ❌
- Sirop de sucres issu de fruits ❌
- Jus concentré de pomme 5,3 % ✅
- Noisettes torréfiées 5,3 % ✅
- Germe de blé 5,2 % ✅
- Fibres de chicorée (fructo-oligosaccharides) ✅
- Extrait de malt d’orge ❌
- Arôme naturel de pomme ❌
- Émulsifiant : lécithines de colza ❌
- Amidon de blé ❌
- Poudres à lever ❌
Malgré des ingrédients naturels et fruités, ce biscuit reste un produit ultra-transformé, bourré d’additifs et d’ingrédients transformés ! Miam miam..
Yaourt maigre aux fruits, aromatisé et édulcoré (marque Carrefour)
Ce yaourt n’est pas simplement un produit laitier aux fruits : c’est une formulation industrielle conçue pour imiter le goût et la texture d’un vrai yaourt aux fruits, sans sucre ajouté, mais avec des édulcorants chimiques, des épaississants, et très peu de vrais fruits. Le tout optimisé pour passer en Nutri-Score A, évidemment.
NE PAS OUBLIER qu’un bon VRAI yaourt, c’est normalement du lait + des ferments (voire des fruits). Ici, on a un aliment maigre mais ultra-transformé, édulcoré, reconstruit, et pauvre en densité nutritionnelle réelle.
Spécialité végétale à base de soja (marque Céréal Bio)
Ici, steak végé, donc alternative à la viande, idéal pour les personnes végétariennes.
Ça donne envie… (enfin là, peut-être pas ?!)
- Nutriscore A
- Label Bio
- Liste d'ingrédients longue et complexe
Contient :
- Protéines de soja texturées réhydratées (53,3 %) ❌
- Chapelure + gluten de blé ❌
- Huiles ajoutées x2 (dont tournesol oléique) ❌
- Extrait de levure, sucre, vinaigre, arômes, sel, etc. ❌
- Oignons, persil, ail, poivre ✅
Derrière l’étiquette verte et le Nutri-Score A, on retrouve ici un aliment ultra-transformé, composé majoritairement de protéines végétales isolées, de liants, de matières grasses et d’additifs “clean label” (extrait de levure, chapelure, etc.).
Le piège du “faux-ami” végétarien ! C’est peut-être bio, végétal et bon au goût mais, clairement : FUYEZ ! Ne manger pas ça au quotidien car c’est un produit recomposé, retexturé, structuré pour imiter une texture carnée dont le score nutritionnel a été optimisé.
Préférez des galettes fait-maison avec le moins d’ingrédients possible :
- des légumineuse mixée (lentilles, pois chiches, haricots rouges…) ✅
- de la farine complète ou flocons d’avoine mixés pour lier ✅
- des oignons, de l’ail, des herbes, des épices (cumin, paprika, curry…) ✅
Un petit tour à la poêle avec un filet d’huile d’olive = délicieuses galettes saines, sans additifs !
SIGA : L’appli révolutionnaire qui en jetait !
Vous ne l’avez peut-être pas connue, mais en 2020, débarquait SIGA, une application ultra intuitive qui a changé notre façon de voir les étiquettes. Il suffisait de dégainer son téléphone, scanner un produit, et bam : tu savais directement si tu avais affaire à un aliment ultra-transformé (AUT) avec un score SIGA. Pratique, clair, efficace. Franchement, je l’adorais !
Mais alors… pourquoi SIGA a disparu ?
Eh oui, aujourd’hui, impossible de la trouver sur les stores. Le téléchargement de SIGA a été suspendu, à cause de plusieurs problèmes techniques :
- Un scanner de code-barres capricieux,
- Des bugs de comptes utilisateurs,
- Et surtout, plus aucune mise à jour depuis janvier 2024.
Résultat : l’application a été retirée, à mon grand regret…Une vraie perte pour celles et ceux qui voulaient aller plus loin que le Nutri-Score.
✅ Open Food Facts & NOVA : la relève est là !
Pas de panique ! Il existe une super alternative : OpenFoodFacts
Cette base de données collaborative, enrichie par une communauté active, te permet de :
Trouver facilement le score NOVA, qui mesure le degré de transformation des aliments. Identifier si un produit est ultra-transformé (NOVA 4), même s’il affiche un Nutri-Score A ! Accéder à tout ça gratuitement, via l’appli mobile ou le site web.
En résumé :
- Nutri-Score = équilibre nutritionnel
- NOVA = niveau de transformation
Et ensemble, ils t’aident à faire de vrais choix éclairés, sans oublier que cela concerne…UNIQUEMENT LES ALIMENTS INDUSTRIELS (le truc le plus important à retenir dans cet article !!)
Retenez bien que ces aliments ne doivent JAMAIS être la base de votre alimentation quotidienne, qui devraient être les VRAIS ALIMENTS BRUTS DANS LEUR ETAT NATUREL (eau, légumes, fruits frais crus, céréales entières brutes et légumineuses, graines oléagineuses, poissons/viandes non transformés..)
Conclusion : développons notre esprit critique !
Le Nutri-Score peut être un outil utile, mais il reste insuffisant et parfois trompeur. Il ne devrait jamais remplacer le bon sens ni masquer la réalité d’une transformation industrielle profonde.
Pour consommer de manière éclairée :
- Lisez la liste des ingrédients, pas seulement le Nutri-Score (et fuyez si la liste est trop longue ou si certains ingrédients ont un nom méconnaissable !)
- Préférez les aliments non transformés ou peu transformés, même s’ils n’ont pas d’étiquetage
- Intéressez-vous à des labels plus exigeants comme la classification NOVA (en téléchargeant l’application OpenFoodFacts), et n’utilisez pas que le Nutriscore ou même la très connue application Yuka (même si son interface est un peu plus ergonomique qu’OpenFoodFacts je vous l’accorde !)
Un bon Nutri-Score ne fait (et ne fera JAMAIS !) un bon aliment.
Un aliment sain, c’est un aliment simple, identifiable, proche de sa forme naturelle, et idéalement local. J’y ajouterais qu’il est important que cet aliment soit cultivé ou produit selon des méthodes respectueuses des êtres vivants. Cela inclut la préservation des sols, de l’environnement et du bien-être humain, donc sans recours aux intrants chimiques.
☝️N’hésitez pas à faire appel à moi si vous souhaitez un accompagnement personnalisé et bienveillant dans vos habitudes alimentaires.
